- Je suis pas perdue. aboya Juliette qui ne supportait pas de faire quelque chose moins bien que les autres et surtout qu'on lui fasse remarquer. J'ai juste pris du retard parce que je te parlais et que tu m'as fait jeté mon chewing-gum. Elle ne savait plus où elle en était, et elle venait d'oublier une lettre dans le nom du prof de techno. Elle n'avait pas de tipex et essaya de faire une rature pour corriger. Mais je veux bien ton carnet quand t'auras fini.

- Si tu le dis... fit la fille Gautier après une petite hésitation

Une fois l'emploi du temps rempli, l'adolescente tendit son carnet à Juliette afin que celle-ci puisse compléter la grille encore presque vide.

- Cimer. répondit simplement Juliette en prenant le carnet d'Evy mais, déjà, un surveillant pénétra dans la salle de classe et les élèves durent se lever.

- Asseyez-vous, asseyez vous. commença le jeune homme, pion dans le collège depuis déjà 3 ans. Vous allez pouvoir passer pour la photo individuelle puis vous pourrez prendre vos livres. J'espère que vous avez tous votre chèque de caution.

- Merde... souffla la Turenko alors que, désormais, Amaury sortait déjà le sien de sa pochette.

Évangéline, tout en sortant son chèque, lança un regard interrogateur à Juliette qui semblait hors d'elle.

- Qu'est ce que tu as ?

- Bah je l'ai pas ça me paraît logique ! s'énerva Juliette qui se rendit compte qu'elle n'avait pas vue sa mère depuis l'avant veille au soir. Elle regarda son carnet, elle venait à peine de commencer la colonne du mardi. Elle jeta alors violemment son stylo et referma son carnet. Oh et puis ça me fais chier ça aussi ! s'exclama-t-elle avant de se lever pour suivre Kamilia qui attendait déjà ses élèves dans le couloir.

- Mais essaie de négocier ça peut marcher. Ça arrive d'oublier. tenta d'assurer Évy en suivant le reste de la classe

- Oui on verra bien. Au pire j'men fou de pas les avoir leurs livres de merde là. De toute façon je les emmène jamais.

Juliette et ses deux nouvelles potes, ainsi que la dernière fille, étaient à la fin du rang. Mais, alors que la Turenko continuait de s'énerver, mademoiselle Carolleli fit son apparition. Elle avait laissé des élèves mener la classe vers le CDI où ils allaient pouvoir prendre leurs livres.

- Juliette? As-tu eu le temps de copier ton emploi du temps, en entier?
- Non...
- En rentrant en classe je te donnerai celui qui est imprimé. Je l'ai en double. Tu pourras le coller derrière ton carnet. En plus, il est en couleur. Je pense que ce sera peut-être plus pratique.
- Oui, c'est vrai. Merci. répondit simplement l'adolescente en pénétrant dans le CDI où les premiers élèves prenaient déjà leurs nouveaux livres, mais pour elle, les mêmes que l'année précédente.

- Du coup t'auras plus besoin de mon carnet ? En revenant ? demanda la petite brune en prenant ses premiers livres

La soeur de Sophia fit non avec la tête et prit, avec un grand soupir, les mêmes livres que ceux qu'elle avait rendu il y a deux mois. Alors que ses potes évoluaient et rentraient enfin dans les bâtiments neufs et modernes de l'autre côté de la cour (le lycée), elle régressait et se retrouvait avec des gens de 1 voir 2 ans de moins qu'elle (elle était née le 1er Janvier et était déjà la plus vieille quand elle était avec des gens nés la même année qu'elle). Et en plus de cela, elle avait droit à un traitement de faveur. On lui imprimait son EDT. Elle était si incapable qu'on ne la pensait même pas capable de recopier un emploi du temps complet. Et le pire, c'est que c'était vrai. Ou si, elle l'aurait fait, mais pas dans les temps en tout cas ! Bien que le geste de mademoiselle Carolleli était très gentil, elle espérait que personne ne comprenne ce qu'elle avait vraiment. Cette chose-là, seuls Steven, Clara, Soraya et Mégane le savaient. D'ailleurs, en parlant de Mégane, Juliette se demandait comment sa première rentrée à Paris se passait. Il fallait dire que sa deuxième meilleure amie (et ce depuis la maternelle !) ne souhaitait pas déménager. Pourtant elle avait été obligé de suivre ses parents et ses deux soeurs à cause de son père qui devait reprendre le flambeau de la grande entreprise familial après le décès de son grand-père. Cette année, tout avait changé.

Une fois ses livres pris et le chèque donné, Évangéline sorti dans le couloir. Alors qu'elle discutait avec Mathilde et Margaux, elle se rendit compte que Juliette avait l'air ailleurs, elle était comme décomposée. Évy décida donc d'aller la voir apres un petit "j'arrive" lancé à ses deux amies.

- Ça va pas ?

- Oui, ça va très bien. Je vois pas pourquoi tu me demandes ça.
répliqua sauvagement Juliette, encore et toujours d'humeur changeante, qui détestait dévoiler ses faiblesses.

Elle posa ses livres sur la table de Mme Plein, la secrétaire, qui s'occupait de récupérer les chèques.

- Bonjour Juliette. commença cette femme d'une quarantaine d'années qui, comme la plupart du staff du collège, connaissait bien l'extravagante Turenko.
- Bonjour, j'ai oublié mon chèque...
- Ce n'est pas grave. Tu n'as qu'à me le ramener demain dans mon bureau.
- Très bien, merci.

- Bah voilà ! Tu reste avec nous ?suggéra la fille d'Elena en retournant vers ses amies

- Bah, t'façon on va faire la photo, on récupère nos sacs dans la salle et on se casse. répondit Juliette alors que Kamilia appelait les 3ème 2 pour aller dans la salle où se trouvait le photographe.

Évangéline se dirigea elle aussi vers la salle où se trouvait le photographe en compagnie de Mathilde et Margaux. À la demande du photographe, ils se placèrent dans lordre alphabétique. Margaux et Mathilde se retrouvaient donc juste derrière Juliette, elle discutaient toute les deux des vacances, de la vie sur Paris de Margaux et de tout ce dont pouvaient parler deux filles faisaient connaissance.

La brune n'appréciait pas Margaux, c'était physique. Elle ne souhaitait même pas essayer de faire connaissance avec elle. Elle ne la trouvait pas à sa hauteur et Juliette était bornée. Elle n'allait sûrement pas changer d'avis de si tôt. Alors, elle ne participa pas à la conversation et préféra attendre, les bras croisés et toujours la tête haute. C'était son choix de ne parler à personne !
Soudain, une autre classe arriva derrière les 3ème 2. Et alors qu'ils devaient aussi se mettre en ordre alphabétique, une blonde se dessina parmi les adolescents et se mit à courir vers la Turenko (en poussant Margaux par la même occasion) avant de sauter sur son dos.

- Ça se passe bien dans ta classe? demanda Clara en étreignant sa meilleure amie qu'elle n'avait pas vue depuis... Ouh ! 1 heure et demie.
- Tranquille. T'es avec Soraya?
- Ouais. Et même avec tout le monde à part Moussa et Thomas, les pauvres... Mais c'est un truc de ouf qu'on soit encore tous ensemble. Ils manquent que toi et Mégane... Bref, ils vont arriver, ils prennent encore leurs livres là.

Quand on parle du loup, Soraya arriva, ses livres dans les mains. Elle rejoignit les deux jeunes filles.

- Alors ta classe ?

- Tranquille. Y'a Amaury et j'ai trouvé une meuf cool. Bon, après y'a quelques victimes quoi, ça change pas hein. Faudra appeler Mégane en sortant.
- Mais, il est quelle heure en France? demanda la Davis en regardant l'heure de Bluebell sur son téléphone.
- Je sais pas y'a combien de décalage horaire. continua Juliette alors que la professeur principale des 2nde 3 haussa la voix:
- Clara ! Soraya !

- Y'a 12h de plus en France. Faut appeler le matin ou tard le soir. intervint Evy qui arrivait tout juste et qui avait entendu la fin de la discussion

- Donc là il est quelle heure en France? Tu crois qu'elle a déjà fait sa rentrée ou qu'elle va la faire tout à l'heure? interrogea Juliette alors qu'elle allait bientôt passer à la photo et que Clara essayait de se dissimuler derrière elle.
- C'est elle, la meuf cool? demanda la Davis en parlant d'Evangéline qu'elle avait, il lui semblait, déjà aperçu dans les couloirs lors de ses premières années au collège.
- Ouais c'est elle. Elle s'appelle Evangéline mais c'est trop long donc les gens la surnomme Evy. C'est la nièce à Lafaye.
- Mais non !
- Si !
- Dur...

- Il est 23h là bas et je crois que c'était aujourd'hui la rentrée. Oh puis vous allez arrêter avec mon oncle c'est pas un démon non plus ! grogna Évangéline qui s'entendait très bien avec Antoine. En effet, tous deux avaient toujours été très fusionnels. Ils étaient nés le même jour et celui-ci n'hésitait pas a la considérer comme la plus belle chose étant arrivée le jour de ses 18 ans. L'adolescente avait, de plus, passé beaucoup de temps chez les Lafaye après le divorce de ses parents. Le jeune homme qui n'avait alors à l'époque qu'une petite vingtaine d'années était alors devenu comme son papa de substitution, celui qui prenait soin d'elle, qui n'habitait pas à des milliers de kilomètres de son île natale mais surtout qui savait la consoler toutes ces fois où son père lui manquait atrocement.

- Donc il faudra qu'on l'appelle ce soir en conférence. C'est dommage, je voulais l'appeler pendant qu'on mange. Ça va faire bizarre d'aller au japonais, à l'italien ou au grec sans elle. fit la blonde en haussant les épaules.
- J'espère elle va se trouver des potes aussi bien que nous, là-bas. Mais je pense que ça va être compliqué. continua Juliette en riant mais qui était pourtant étonnament sérieuse, avant de se remémorer les paroles d'Evy: "c'est pas un démon", euhhhhh... quoi? C'est peut-être pas un démon avec toi car tu dois être sa petite nièce chérie mais je t'assures qu'en cours c'est pas ça ! Un chieur puissance mille.
- En plus il a fait virer Bryce. Alors ok, il cherchait un peu, mais là ton oncle il est allé loin quand même. Maintenant Bryce il est dans un internat tout pourri, pas Picasso hein, l'autre là. Hyper strict où t'as rien le droit de faire. intervint Clara qui avait eu des nouvelles de son ancien camarade la veille.
- Mais Bryce c'est autre chose, Clara. Lui il cherche trop. Et maintenant il veut nous faire croire qu'il a tabassé Lafaye, le con. Nan mais mis à part lui, ton tonton sérieux il est vraiment chiant en cours.

Évy ouvrit de grands yeux face à ce que venait de dire Juliette. En plus d'avoir presque tué Antoine, il s'en vantait.

- Non mais j'ai jamais dit qu'il était pas chiant mais vous parlez de lui comme du plus grand tyran du millenaire. dit-elle après une petite hésitation Puis votre Bryce là il a l'air de trop faire le malin.
- Donc ça revient à ce qu'on disait, il est chiant. intervint Soraya

Évangéline leva les yeux au ciel, se rendant compte que peu importe ce qu'elle dirait, les trois compères lui tiendraient tête. Avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, la professeur principale des secondes arriva en furie, indiquant à Soraya et Clara que si elles ne rejoignaient pas immédiatement le rang de leur classe, elles seraient collées dès le premier jour, ce qui aurait été assez dommage tout de même...

Clara ne put garder son sérieux face à sa professeure principale qui s’époumonait devant elle, le visage rouge avec une voix qui déraillait. Et, alors que Juliette alla s'asseoir pour prendre la photo (qui serait magnifique, comme d'habitude), la Davis attrapa Soraya par le bras et se dirigea vers son rang avant d'éclater de rire alors que la petite femme les suivait et les sommait d'arrêter leur insolence.
Une fois la photo prise, la Turenko rejoignit Evy et s'exclama:

- Bon, on se casse?

-Attends deux secondes. affirma la petite brune qui attendait ses deux amies. Mathilde et Margaux arrivèrent peu après. C'est bon on peut y aller.