Juliette ne s'attendait pas à ce qui allait se passer, vraiment pas. Bien qu'elle était encore très fatiguée et un peu nauséeuse (sûrement à cause du voyage), elle avait le sourire aux lèvres alors qu'elle attendait que les S (et surtout Steven qui lui avait manqué malgré tout ce qui avait pu se passer à Los Angeles et qu'elle commençait à sérieusement regretter) reviennent de leur sortie. Elle était accompagnée d'Evy (qui devait passer chez elle pour récupérer un sweat qui s'était retrouvé dans la valise de la Turenko) mais aussi de Clara et Soraya qui attendaient Manel pour rentrer et de Jessie qui, de son côté, n'attendait pas les S, mais Kimmy qui devait venir la chercher en voiture.
Justement, le car des S venait de se garer devant l'établissement scolaire et les lycéens descendirent un à un du véhicule pour se diriger vers leurs amis ou directement vers chez eux. Juliette salua Steven d'un geste enjoué de la main quand elle le vit descendre du car, cependant, quand il l'aperçut, le sourire qu'il avait sur les lèvres disparut directement au profit d'une expression qui ressemblait à de la colère, de la déception... La Turenko fronça alors les sourcils en regardant Evy.

Évangéline fronça les sourcils à son tour, elles revenaient à peine et des histoires semblaient déjà fleurir.

- Steven ça va ? demanda la brunette en souriant tout de même à l'adolescent

- Ça va. fit Steven en grinçant quelque peu des dents alors que Juliette, qui ne comprenait rien, s'approcha de lui et posa sa main sur son épaule. Épaule qu'il décala, ce qui étonna encore plus la roumaine.
- Qu'est ce qui se passe? Ça a pas l'air d'aller. demanda la jeune fille doucement alors que sa meilleure amie lui tapota l'épaule pour lui annoncer:
- Juju, on y va. Kimmy est garée au bout de la rue et notre bus va bientôt arriver. A demain.
- D'accord, à demain. répondit la Turenko avant de voir ses quatre amies s'éloigner. Elle se tourna alors de nouveau vers Steven qui ne lui avait pas répondu mais qui la fixait avec un regard qu'elle n'aimait pas, qui l'inquiétait, qui lui rappelait celui de Rome.
- Il faudrait qu'on parle. Je te raccompagne jusqu'à chez toi.
- D'accord mais... y'a Evy, aussi. Elle vient chez moi.
- Ce serait bien qu'on parle en privé. Que tous les deux. lâcha froidement le Fontaine-Mazar alors que Juliette laissa échapper un "mais..." en regardant son amie italienne.

- J'irai chercher mon pull dans ta chambre et vous parlerez dans le salon. Ou l'inverse je sais pas. suggéra Évangéline Mais franchement t'es flippant là Steven. En vrai, privé ou pas, vu ta tête je vais savoir ce que tu as bien vite. continua-t'elle en haussant les épaules, elle commença à avancer On y va ?

Steven répondit par un simple hochement de tête et commença à prendre le chemin qui allait les conduire à la maison de Juliette. Ils auraient pu prendre le bus, mais apparemment, il était décidé à marcher. La Turenko lança un regard quelque peu effrayé à la Gautier avant d'avancer en regardant ses pieds. Elle ne savait pas ce qu'il voulait. Il avait l'air si en colère. Qu'allait-il encore se passer? Elle n'avait qu'une seule chose à se rapprocher, elle savait que c'était grave et qu'elle avait encore déconner comme elle n'aurait pas pu plus le faire mais... comment aurait-il pu savoir?

La Gautier décida de prendre son téléphone pour, à la fois pour échapper à la mauvais ambiance mais aussi pour pouvoir avoir des explications, peut-être de la part de sa meilleure amie...

Evangéline : Il s'est passé un truc avec Steven ? Il est grave sec surtout avec Juju jsp pourquoi '-'
Mathilde : Non j'en sais rien du tout... juste l'autre jour il avait l'air soûlé il est rentré avant tout le monde mais c'était le jour où ils ont eu leurs 4h de français il devait être mort ptdrrr

Après un simple "ok merci", la jeune fille s'arrêta pour attendre Juliette qui traînait des pieds derrière. De toute façon, Steven était loin devant depuis bien longtemps, ce n'est pas le fait de ralentir quelques secondes qui allait changer grand chose.

Les 3 adolescents arrivèrent chez Juliette après une vingtaine de minutes de marche que Steven avait passé loin devant les deux filles, ruminant elles ne savaient quoi. Une fois devant chez la roumaine, celle-ci passa devant le Fontaine-Mazar, la tête basse et ouvrit la porte. Elle laissa entrer le jeune homme et l'italienne chez elle. Tandis qu'elle retirait ses baskets, le fils d'Iris avait déjà pris place sur un des canapés du salon.

- Bon, je suppose que je vais chercher mon sweat dans la chambre et que vous restez là. lâcha la blonde d'un haussement d'épaules Vous venez me chercher quand Steven a fini.

Elle se dirigea ensuite vers la chambre de la Turenko. Elle attrapa le sweat puis s'installa près de la porte afin d'écouter ce qui se disait, ou du moins quelques bribes de la conversation.

Juliette aurait aimé dire à Evy de rester, mais bon, celle-ci était déjà partie s'enfermer dans sa chambre. La Turenko le sentait mal, très mal. Elle en était désormais sûre, il savait. Il savait, oui, mais comment était-ce possible? Il était si froid. Presque pire qu'en Italie. La nausée lui revenait. Pourquoi avait-elle fait cela?
Elle s'avança doucement vers le salon et prit place sur le même canapé que Steven, à une distance raisonnable. Peut-être qu'elle se trompait. Peut-être qu'il ne savait rien.

- Tu n'as rien à me dire?
- Steven...

La jeune fille n'entendait pas grand chose, elle n'osait pas ouvrir la porte, de peur que celle-ci grince. Elle décida de se coller davantage contre la porte, dans l'espoir que cela lui permette de mieux entendre.

- Tu croyais quoi, que je n'allais pas l'apprendre? demanda froidement Steven en fixant Juliette avec un regard mauvais.
- C'était une erreur Steven, on n'aurait pas dû, je regrette. Je sais que c'est la deuxième fois mais...
- Donc tu l'admets? interrogea le Fontaine-Mazar qui ne reçut aucune réponse de la part de la jeune fille qui regardait le sol. Cette fois-ci, elle le savait, elle était allée trop loin. C'était fini. En plus je sais que tu me l'aurais jamais dis. Si Evy n'avait pas tout raconté à Mathilde dont j'ai malencontreusement eu le téléphone dans les mains, je serais resté comme un con. Tu m'aurais pris comme un con, à faire comme si de rien n'était.
- Evy?
- Evy, oui.
- Mais comment elle sait? interrogea la jeune fille, aux bords des larmes, alors que la situation coulait entre ses doigts.
- Comment elle le sait?! Peut-être parce que ça vous a pas dérangé de vous rouler une pelle devant tout le monde?
- Tu parles de ça? demanda Juliette qui se rendit alors compte que Steven ne savait presque rien et qu'elle aurait pu prendre les choses en main si elle avait comprit cela plus vite.
- Pourquoi? Tu parles de quoi, toi?
- Rien, je...
- Y'a eu plus? aboya alors le Fontaine-Mazar dont le sang commença à lui monter à la tête. Alors ça, il ne s'y attendait pas. Et la tête de coupable de Juliette ne faisait qu’appuyer ce qu'il pensait. Elle avait osé. Elle avait osé le tromper de cette manière. Le prendre pour un con, deux fois de suite. Ses poings et sa mâchoire se serrèrent alors que le manque de réaction de la Turenko le fit encore plus sortir de ses gonds. Il n'y croyait pas. Non, ce n'était pas possible. Tu te fous de ma gueule, là?

En entendant son nom et celui de Mathilde, elle se leva d'un bond, premièrement parce qu'elle se demandait ce qu'elle avait fait, mais surtout parce qu'elle voudrait savoir ce que Mathilde avait dit au Fontaine-Mazar. Ce à quoi Evangéline n'avait pas pensé, c'était la poignée juste au dessus de sa tête. Sa tête arriva pile contre la porte et poussa un cri. Espérant ne pas avoir été entendue par les deux autres adolescents, elle attrapa son téléphone et envoya un nouveau message à sa meilleure amie.

T'es sûre t'as rien dit ?? Il dit qu'il sait jsp quoi à propos de Juliette et Sheri

À peine avait-elle fini d'écrire qu'elle entendit le mot "rouler une pelle"

Ah quand j't'ai dit qu'elles s'étaient roulé une pelle comment il sait ?

Et ce n'était pas fini, elle entendit ensuite une nouvelle fois Steven : "Y'a eu plus ?". Elle ouvrit grand les yeux et se précipita à nouveau vers la porte pour continuer à écouter. Elle ne vit même pas la réponse de Mathilde.

- Mais je lui ai rien dit jsp comment il sait
- Ah attends je sais !
- Genre quand tu m'as écris j'étais avec Amaury donc flemme de prendre mon téléphone il était à côté de Steven
- Donc j'lui demande de regarder qui c'est
- Et jpense qu'il a vu que tu disais qu'elles allaient faire des bébés...
- Mais j'te promets j'ai pas fait exprès j'ai juste voulu qu'il me dise qui c'était (genre si c'était Coralie qui me demandait de prendre du pain j'aurais fait genre j'ai pas vu ptdr)
- Ils s'embrouillent là ?

Mathilde devra attendre quelques temps avant d'avoir une réponse puisque la Gautier était à nouveau en train d'écouter ce qui se disait dans le salon.

- Steven je suis désolée, je... s'est allé si vite, j'ai rien vu venir, je... commença la roumaine en attrapant les mains de Steven qui retira immédiatement.
- J'y crois pas...
- Steven je...
- Tais-toi ! Je veux pas t'entendre ! aboya le Fontaine-Mazar blessé au plus profond de son coeur. Il avait l'impression que Juliette venait de détruire son coeur à coup de marteau.
- Je t'en supplie écoute-moi... implora la jeune fille alors qu'une première larme coula sur sa joue et que sa nausée se faisait de plus en plus forte. Elle avait merdé, elle le savait. Il n'allait jamais lui pardonner cette énième erreur.
- Non ! Non je t'écouterai plus. Je t'écouterai plus car je te connais. Stop, j'en ai marre que tu joues avec mes sentiments. Pas besoin de revenir en pleurant et en disant que je suis le seul pilier qui te permet de vivre. Cette fois, ça marchera pas. vociféra le jeune homme en se levant. Y'a plus rien entre nous Juliette, t'as compris? Plus de relation, plus de "meilleure-amitié", rien. Maintenant on fait parti du même groupe de potes et ça s'arrête là. J'en ai marre de me faire prendre pour un con. De tout faire pour toi et que tu me le rendes de cette manière.

Elle décida d'entre-ouvrir légèrement la porte. Elle-même se sentait secouée par ce qu'elle entendait, non seulement parce qu'elle venait d'apprendre des choses mais aussi parce qu'elle n'avait jamais entendu Steven comme cela. Elle écoutait attentivement, elle ferait bien quelque chose, mais elle ne savait pas quoi. De plus, elle savait qu'au fond, tout au fond, le jeune homme n'avait pas tout à fait tort, elle trouvait juste sa réaction un peu violente. Enfin, ce n'est pas comme si elle n'avait pas elle aussi des réactions excessives parfois dignes de la jumelle de sa mère...
Puisqu'il affirmait ne plus vouloir aucune relation avec la Turenko, elle se préparait déjà à se ruer dans ses bras dès que l'adolescent se serait tut. Son téléphone, en silencieux, semblait sonner, il était allumé, mais elle n'alla pas décrocher, elle se doutait bien que c'était Mathilde qui demandait des explications mais elle aurait largement le temps de lui expliquer plus tard, ce n'était pas son occupation principale actuellement.

Juliette ne répondait plus. Elle savait qu'elle était en tort, qu'elle était la seule à être en tort. Les larmes qui coulaient sur ses joues étaient silencieuses alors que Steven n'avait pas l'air décidé à arrêter de cracher son venin.

- J'aurais dû comprendre la première fois. Que tu ne fais que jouer avec moi.
- C'est faux ! s'exclama la Turenko d'une voix tremblante alors qu'elle sentait son malaise de plus en plus grandissant.
- Ah, c'est vrai, excuse-moi. répondit-il avec dédain et ironie avant d'ajouter. Après tout, "on est pas en couple", n'est ce pas? Libre à toi de coucher avec n'importe qui.
- Arrête, je t'en supplie, arrête.
- Parce que c'est à moi d'arrêter? interrogea-t-il en secouant la tête. Tu sais, ce que t'as fait. Tu veux savoir ce que c'est? Un comportement de salope. Et tu peux pas savoir comment ça me fait mal de voir que je suis tombé amoureux d'une fille comme toi.

Ce fut comme un coup dans le ventre que Juliette se reçut à ce moment-là. Elle se leva en vitesse pour se diriger vers les toilettes de l'étage, elle ne voulait pas Steven voit ou entende quoi que ce soit. Cependant, alors qu'elle était au milieu des escaliers, il l'interpella d'un "tu vas où?" auquel elle répondit par un "je vais me sentir mal" avant de disparaître à l'étage.
Durant quelques secondes, Steven oublia alors qu'il voulait détester cette jeune fille et entreprit de monter les escaliers à son tour pour s'assurer qu'elle allait bien.

Évangéline ouvrit grand la bouche, vraiment étonnée par ce qu'osait dire Steven mais aussi parce que, pour la première fois, il avait clairement avoué être amoureux de la Turenko. Elle entendit Juliette monter puis vit la silhouette de la jeune fille passer. Elle s'empressa ensuite de sortir de la chambre et tomba nez à nez avec le jeune homme.

- Ah non ! s'écria-t'elle Toi tu te casse ! C'est de ta faute si elle est comme ça ! Et puis, je croyais que tu ne voulais plus entendre parler d'elle.

Elle se tourna ensuite vers la porte de la salle de bain, fermée.

- Juliette ? C'est Évy. Ouvre s'il te plaît. demanda-t'elle calmement

Le Fontaine-Mazar se fit intercepté par la Gautier qui, apparemment, avait tout entendu. Elle lui ordonna de s'en aller et après tout, elle n'avait pas tort. Qu'est-ce-qu'il pouvait bien en avoir à faire, de la Turenko? Elle avait détruit son coeur, elle ne méritait pas qu'il s'inquiète pour elle.

- T'as raison. Je m'en vais. fit froidement Steven avant de tourner les talons pour redescendre les escaliers. Quelques secondes plus tard, Evy put entendre la porte se claquer alors que des sanglots sortaient de la salle de bain et que Juliette ne daignait toujours pas ouvrir.

La Gautier lâcha un soupir méprisant puis frappa à nouveau contre la porte.

- Juliette... je suis désolée je pensais pas qu'il allait voir mes messages avec Mathilde mais, même elle, je lui ai rien dit de particulier je te promets. expliqua la jeune fille qui n'avait d'ailleurs toujours pas vu les messages de son autre amie Maintenant ouvre s'il te plaît. Je veux pas que tu reste toute seule comme ça.

Il y eu quelques secondes de flottement où seules des sanglots se firent entendre avant qu'un bruit de chasse d'eau parvint aux oreilles d'Evy. La porte de la salle de bain s'ouvrit alors sur une Juliette blanche comme un linge dont le maquillage avait coulé sur les joues et qui ne put balbutier qu'un "c'est pas ta faute, c'est la mienne" avant de fondre de nouveau en larmes en repensant à tout ce que venait de lui dire Steven et à cette "maladie" qui ne la quittait plus.

La fille d'Elena tira son amie dans ses bras pour la serrer contre elle. Elle la serra quelques secondes puis la mena vers sa chambre pour s'asseoir sur le lit. Elle la colla ensuite davantage contre elle afin qu'elle puisse se calmer.

- Ça va aller... finit-elle par souffler

Juliette, dans les bras d'Evy, rapprocha ses genoux de son corps pour se mettre dans une sorte de position fœtale. Ses sanglots redoublaient alors que la jeune fille comprenait de plus en plus ce qui se passait et ce que ça induisait.

- Ça va pas aller. Il me déteste. Il me pardonnera jamais. Il avait raison, je suis une salope.

- Eh bah il avait qu'à te dire qu'il voulait sortir avec toi hein ! Monsieur je suis amoureux mais je fous rien là. s'agaça la jeune fille Et commence pas à te dénigrer il avait pas à te dire ça. Tu sais quoi ? Il va sûrement te bouder un petit temps, il avait vraiment l'air énervé, mais je suis sûre qu'il va finir par te pardonner. Regarde, même moi je suis polie avec mon père maintenant. Tu me connais, je suis têtue. expliqua-t'elle Bref, t'en fais pas, je suis sûre que ça va passer et que toi aussi t'arrêteras d'être malade. Oh, sinon si tu préfère je peux aller le taper !

À peine Évangéline avait-elle fini de parler qu'elle se disait que ses paroles étaient trop rapide pour elle. Au pire, elle pouvait toujours espérer que cela fasse rire Juliette.

Juliette arrêta d'écouter Evy au mot "amoureux". Elle continuait de pleurer en essayant d'être silencieuse mais rien n'y faisait. Son amie pouvait lui dire ce qu'elle voulait, la Turenko savait qu'elle était coupable et que Steven ne reviendrait pas pour lui dire qu'il la pardonnait.

- Il le fera pas. sanglota la roumaine qui tenait son ventre car elle recommençait à se sentir mal. Je sais même pas si je pardonnerais, moi, si j'étais à sa place.

Il ne fallut pas longtemps à la jeune fille pour comprendre qu'elle avait fait une énième gaffe... elle tenta donc de la rattraper.

- T'attends pas à ce qu'il revienne demain. Par contre, quand il aura eu le temps de tout avaler ça ira, laisse lui le temps, c'est quand même pas facile... insista Évangéline avant de regarder Juliette Ça va ? Tu veux t'allonger ? s'inquiéta-t'elle