- Euh... Ah! Oui. Bah en fait, au cimetière, on a vu la tombe de ton père. Et de ta soeur... Du coup... bah Steven et Clara nous ont expliqué ce qu'il s'est passé. finit par déballer Évy, elle aurait pu être plus délicate dans ses paroles, mais ne sachant pas vraiment comment s'y prendre, elle finit par tout lâcher d'une traite, elle fronça les sourcils, se disant qu'elle aurait vraiment pû mieux s'y prendre

Juliette eut un petit mouvement de recul. Elle n'était pas sûre d'avoir bien compris. En réalité elle avait compris mais elle ne voulait pas comprendre. Avec cette sortie à la con elle savait que cela pouvait se produire mais elle avait l'espoir qu'il n'en soit rien. De plus, elle venait d'entendre que c'était Clara et Steven qui avaient tout raconté. Elle qui avait confiance en eux, elle avait l'impression d'être vendue. Jamais elle ne voulait parler de ça et voilà que les personnes en qui elle avait le plus confiance venait de dévoiler sa vie à... elle ne savait même pas à qui d'ailleurs. Elle ne savait pas ce qui lui faisait le plus mal dans cette annonce, la "trahison" de ses potes ou la divulgation de sa vie privée, de ce qui la faisait le plus souffrir, de ce qu'elle gardait au fond d'elle. Elle respira un grand coup alors qu'une larme, tout petite, toute fine, venait de couler sur sa joue gauche.

- Qu'est ce qu'ils ont dit? A qui?

En voyant la discrète larme sur la joue de Juliette, la Gautier se releva d'un bond. Elle regrettait vraiment cette sortie et ne voulait pas voir son amie pleurer.
- Rien ! Juste que t'avais une soeur. Que... que la semaine dernière c'était l'anniversaire de sa mort. Oh puis je me serais pas énervée comme ça si j'avais sû que ca allait pas la semaine dernière. Je pensais que t'étais juste de mauvais poil. Et y avait pas grand monde. Juste Mathilde Thibault et moi. Mais t'en fais pas je dirais rien !

Juliette baissa la tête. Après tout, il fallait bien que ses amis l’apprennent un jour ou l'autre. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle cachait cette partie de sa vie. Sûrement pour ne pas dévoiler ses faiblesses. Cela lui faisait bizarre de voir Evy au courant mais elle était proche d'elle. Elle pensait pouvoir lui faire confiance, tout comme Mathilde. C'est sûrement ce que Clara et Steven avaient pensé avant de leur dire quoi que ce soit. Cependant, un nom resta en suspend dans le cerveau de Juliette. Thibault... Thibault savait aussi. Et Thibault, elle n'avait pas du tout confiance en lui. Elle ne savait pas si elle l’appréciait ou le détestait. Elle ne le considérait même pas comme un vrai ami. Juste comme un pote, comme ça. Elle avait souvent l'impression qu'il voyait en elle et elle détestait ça. Il avait quelque chose de plus sur elle et, elle, elle n'avait rien. Cela l'énervait.

- Thibault? Thibault sait pour Laura?

- Il était avec nous oui...

- Toujours là où il faut pas. Je le savais de toute façon dès la première fois que je l'ai vu. J'espère qu'il ne m'en parlera pas.

Elle regarda l'heure une nouvelle fois. Elle ne savait plus quoi dire. Elle était gênée, elle n'était pas bien. Elle avait l'impression de ne rien n'avoir contrôlé. C'était très dur à gérer. Cependant elle essayait de ne pas y penser, songer à son père et à sa sœur la rendait toujours un peu plus triste. Elle s'était maintes fois demandée pourquoi son père était-il parti, ce jour-là, faire les courses avec Laura et non pas avec elle. Pourquoi n'avait-il pas emmené ses deux filles au lieu qu'un seule? Pourquoi n'avait-il pas pris sa femme non plus? Et surtout pourquoi y était-il allé alors qu'il pleuvait des cordes? Pourquoi n'avait-il pas attendu le lendemain? Toutes ses questions, elle se les posait sans relâche et elle n'avait jamais eu de réponses.

Évangéline non plus ne savait plus quoi dire. Elle décida alors de changer de sujet.
- Et sinon, Costa, il ressemble à quoi ?

- Hum... Grand. Plutôt musclé. Il est métisse mais assez clair, je trouve. Et il a des tâches de rousseurs. C'est assez marrant. Mais ça lui va bien. répondit la jeune fille en essayant de se remémorer le visage de son "demi-frère".

- Des tâches de rousseurs ? répéta la brunette Mais ça doit être grave beau !

- Ça lui va bien. fit la Turenko en haussant les épaules avant de proposer à son amie d'aller chercher sa petite soeur.

Les deux adolescentes mirent leurs chaussures et une veste puis, continuant de parler de la nouvelle famille de Juliette, elles allèrent chercher Sophia au centre de loisirs.