Comme hier et avant-hier, il faisait horriblement chaud. Certains endroits du pays étaient en alerte canicule. Bien qu'ils habitent un quartier un peu reculé du centre ville de Toronto, l'air était intenable entre les nombreuses maisons.
Habitués à réquisitionner la piscine de chez Barth, il se trouvait qu'avec le léger accrochage entre Élisa et sa belle-mère quelques jours plus tôt cette dernière refusait de voir la jeune fille chez elle. Ils auraient bien été chez les jumeaux Martinez mais la leur était en rénovation. Ils durent se résoudre finalement à aller se rafraîchir dans la mer.
La plage se trouvait à quelques minutes en voiture de leur quartier, Ivan se chargea d'emmener ses amis. Bien qu'il n'était pas le seul à avoir le permis, il adorait pouvoir se vanter dans les rues de la ville au volant de sa BMW.
La plage était bondée de monde, ce qui n'était pas étonnant au vu de la température:
«- Laissez tomber on ne va jamais pouvoir trouver un transat de libre , soupira Élisa.
- T'inquiète quand on a un Miller comme pote, tout nous sourit, s'exclama Victor avant de donner une tape amicale dans le dos de Barthélémy.»
Il était vrai que Stefany et Éric avaient une bonne réputation dans la ville et que cela procurait quelques avantages dès que le nom Miller retentissait. Barth détestait de se servir de son nom comme passe droit, fort heureusement pour lui il connaissait le gérant de la paillote qui était un ami de son père. Il s'arrangea rapidement pour trouver une place à ses amis et lui:
«- Ce n'est pas un transat mais c'est mieux que rien ! Mais bon pour le bronzage on verra ça plus tard, commenta Élisa en s'asseyant.
- Jamais contente celle là, rigola Émilio, je ne sais pas si on a déjà passé une journée sans que tu te plaignes.
- Une fois, s'exclama son jumeau, c'était le lendemain d'une soirée où on était bien bourrés d'ailleurs.
- Moque toi mais puisque tu veux jouer sur ce terrain, elle laissa planer un blanc avant de continuer avec un sourire narquois , ça en est où avec Judie ? Réconciliation ou pas ?
- On s'est expliqués oui, commença Ivan.
- Génial maintenant c'est reparti, lâcha la jeune fille, tu attaques l'étape suivante quand ?
-  Bientôt j'espère parce que j'attendais avec impatience de pouvoir t'appeler Beau-frère», rigola Barth alors que le serveur arriva pour déposer leurs boissons.
Emilio ne manqua pas d'ajouter une plaisanterie à ce propos, ils continuèrent ensuite de parler de Judie. C'était le sujet du moment depuis la soirée d'anniversaire des jumeaux. Victor dériva ensuite vers un autre sujet et la conversation continua.
Élisa fut la première à décider de se baigner. Alors que les garçons allèrent se lever pour la rejoindre quelques minutes plus tard, une jolie brune qui sortait tout juste de l'intérieur de la paillote avec son verre à la main passa tout près d'eux avant de rejoindre son transat quelques mètres plus loin:
«- Les gars matez-moi cette beauté, lâcha Victor, on part sur du calibre de qualité là !
- C'est vrai qu'on part sur de la bombe, approuva Barth, je pense que ça se tente ! Honneur à toi, c'était moi qui avait commencé l'autre fois.»
Depuis quelques temps, un petit jeu s'était instauré entre Barth et Victor: celui qui réussirait à draguer le plus. Pour le moment, c'était le frère jumeau d'Alicia qui avait l'avantage mais son ami n'avait pas l'intention de se laisser faire.
Les jumeaux Martinez ainsi que Barthélémy observait le petit numéro de Victor attentivement en rigolant, surtout lorsqu'il revint quelques minutes plus tard parce que visiblement il s'était pris un vent:
«- Laisse faire le charme à la française, je vais encore gagner, s'exclama-t-il en se levant.
- On verra, répliqua son ami, c'est un défi de taille je te préviens.»
Lorsque un nouveau jeune homme se planta devant elle pour l'énième fois de la journée décidé à la draguer, elle releva ses lunettes de soleil pour voir avec qui elle avait à faire en lâchant un soupir d'exaspération :
«- Salut, je m'appelle Barth et toi, commença-t-il.
- Rocio, répondit-elle en le toisant de haut en bas.
- Ça te dérange pas si je m'assois à côté de toi, demanda Barthélémy.
- Non, répondit la jeune fille méfiante en se redressant.
- Tu es nouvelle ici, je t'ai jamais vue dans le coin. Je connais très bien ce lieu et les gens qui le fréquentent et je t'ai jamais vue.
- Je suis venue en vacances à Toronto, ma mère a de la famille ici, répondit-elle tout en continuant à le dévisager, je ne sais pas comment tu fais pour habiter dans cette ville. Je suis là que depuis quelques jours et j'en ai déjà marre. Il n’y a pas vraiment la mer en plus c’est désespérant.
- Parce que tu viens d'où pour trouver que Toronto n'est pas assez bien pour toi, rigola Barthélémy.
- Hawaï, Honolulu tu vois. Et de temps à autres je suis à Los Angeles, c'est plus paradisiaque qu'ici, fit Rocio en rejetant sa chevelure en arrière dans un geste hautain avant de casser la barrière de la méfiance, mais je t'avoue que je préfère Honolulu. On peut faire du surf, j'ai un meilleur bronzage et pour draguer tu n'as pas meilleur !»
Rocio savait comment mettre ses atouts en avant et ne manqua pas de le faire durant sa conversation avec le jeune homme. De tous les garçons qui étaient venus la draguer depuis le début de la journée, c'était lui qu'elle appréciait le plus. Au final, elle commençait à bien aimer cette ville et cette plage.
Barth quand à lui, était plutôt satisfait d'avoir réussi son coup et d'avoir remporté un point supplémentaire. Puis faut dire que Rocio avait un petit truc supplémentaire en plus de sa beauté parfaite :
«- Si tu veux voir ce que c'est la vraie vie je t'invite avec plaisir à Hawaï, enchaîna- t-elle en se mordant la lèvre.
- Avec plaisir, continua-t-il en riant, surtout que les spots pour le kitesurf sont géniaux à ce qu’il parait et s’il y a autant de jolies filles que toi ça vaut le coup !
-  Tu m’apprendras je rêverai de savoir en faire et je suis sûre que tu es bon professeur, enchaîna-t-elle avant de faire un mouvement de tête, tu ne trouveras pas plus canon que moi à Hawaï.”
Barthélémy se mit à rire à la remarque de la jeune fille, visiblement elle avait l’air de se prendre au jeu et c’était plutôt pas mal. Au moins ça mettait un peu de piment dans la journée:
« C'est ta meuf ?”, demanda Rocio en voyant sur l'écran du téléphone de Barth  une photo de Judie et lui s'afficher.
Il ne répondit pas de suite, il était bien tenter de lui dire la vérité qu'il s'agissait de sa demi-soeur. Mais finalement il opta pour l'option diabolique, après tout il avait envie de s'amuser. En revanche, il fallait juste pas que sa demi-soeur ne l'apprenne pas sans quoi il passerait un mauvais quart d'heure.
«- Ouhais, elle s'appelle Judie si ça t'intéresse, finit-il par dire.
- Pas mal j'avoue mais entre nous, tu me trouves pas plus canon qu'elle ?, demanda-t-elle un air de défi dans la voix.
- J'avoue que tu fais concurrence, répondit-il, au fait tu ne m’as pas dit mais tu as quel âge ?”
Cette fois-ci c’était au tour de la jeune femme de ne pas répondre tout de suite. Elle réfléchit quelques instants, on lui disait souvent qu’elle faisait plus que son âge. Barth devait avoir à peu près la vingtaine et n’avait pas l’intention de le laisser filer. Il était plutôt mignon et dans son style:
“- Dix-neuf ans, mentit-elle finalement.
- C’est impeccable on a le même âge ! Ça te dirait un de ses jours de sortir, faut bien que je te montre qu’on a des endroits sympas à Toronto aussi.
- Avec plaisir j’adore les soirées.
- Rocio Rocio, appela une voix féminine qui se faisait de plus en plus forte, Rocio ! Qu’est-ce que tu fais on doit y aller maman nous attend ?!
- Tu vois pas que je suis occupée là, répondit Rocio agressivement.
- Allez la princesse des plages tu reviendras plus tard ! Tu en auras tout autant à tes pieds des gars. Tu viens maintenant, maman s’impatiente !
- Inès t’es chiante, s’exclama-t-elle tout en s’emparant du téléphone de Barth pour lui laisser son numéro de portable, à la prochaine Barth ! On se contacte vite.”
Une fois éloignée, le jeune homme se dirigea vers son groupe d’ami qui n’avait pas manqué une miette de son petit numéro. Il se fit acclamer par les quatre garçons:
“- Franchement mec t’as géré ! Tu mérites deux points là, acclama Victor.
- C’était un bon coup effectivement, fit Barth modestement.
- J’ai raté quelque chose, demanda Elisa en revenant vers eux, ça fait vingt minutes que je vous attends. Je commençais à croire que vous étiez partis.
- Ouhais ! Tu as raté Barth en train de draguer la canon de la plage et il a fait ça d’un coup de maître, répondit Victor excité comme une puce.
- Vous êtes des fous dans votre jeu !”, rigola-t-elle.
Puis ils partirent tous se baigner, dans la joie et la bonne humeur.