Les trois sœurs Bayram avaient prévu de faire une petite réunion à trois heures du matin pour être à l’abri des oreilles indiscrètes.
Jessica, qui passait la nuit dans la maison de ses parents et non dans son appartement
pour une fois, se leva avec dix minutes d'avance pour éviter d'être en retard cette fois-ci. Elle se fit un rapide chignon et se rafraîchit légèrement le visage avant de se rendre dans la chambre de sa grande sœur qui se situait quasiment en face de la sienne. Élise avait laissé sa porte ouverte, comme à son habitude. Jessica frappa délicatement :
« - Bonjour, c'est le Père-Noël, lâcha-t-elle pour blaguer, je ne te réveille pas ?
- Non t'inquiète, je suis levée depuis plus d'heure. On attend Amélie et on commencera. » termina Élise en lâchant un bâillement et ne voulant pas en dire d'avantage sur le sujet de cette réunion.
La benjamine des sœurs se pointa quelques minutes plus tard, l'air endormi et qui avait l'air d'avoir fait un effort surhumain pour venir jusque dans la chambre de sa grande sœur :
« - J'ai galéré à sortir, j'entendais pleins de bruits et j'avais l'impression qu'Alicia allait sortir des toilettes à tout moment, fit-elle en évoquant sa demi-sœur qui était dans les toilettes depuis un bout de temps à cause d'une très mauvaise digestion du repas, on peut commencer ! C'est quoi cette fameuse chose dont tu voulais nous parler ? »
L'aînée se racla la gorge puis décida de sortir cash la nouvelle :
« - Camila m'a contacté la semaine dernière.
- Hein, fit Amélie surprise, elle voulait quoi ?
- Elle nous a proposé de venir fêter Noël avec sa famille , chez elle au Kosovo.
- C'est gentil de sa part de nous le proposer mais on va s'imposer à sa famille en venant comme ça, déjà qu'on s'est introduites dans sa vie comme des fleurs, continua Jessica qui était réaliste.
- Sa famille a insisté pour qu'on vienne donc on ne va pas venir comme des forceuses. »
Un blanc s'installa au milieu des sœurs, jusqu'au moment où Amélie se décida à prendre la parole :
« - On est invitées quand exactement ?
- Jeudi, fit Elly avant de continuer gênée, désolée j'ai pas pu vous en parler avant et je lui ai dit qu'on venait du coup j'ai les billets d'avion.
- C'est sûr que pour une surprise ça en ait une bonne, continua Judie ironiquement, personnellement ça ne me dérange pas car je l'apprécie beaucoup mais tu as oublié un détail…
- Maman  ?! Tu parles ce n'est pas un problème, lâcha Élise.
- Si totalement, répondit Amélie, maman va nous poser que des questions sur ce soudain voyage toutes les trois et si elle sait où on va, elle va se poser des questions. Tu oublies aussi que je ne suis pas encore majeure aussi... »
Il est vrai qu'Elly avait omis ce détail, elle se tourna vers Jessica pour lui demander ce qu'elle comptait faire :
« - C'est vrai que maman va se poser des questions mais heureusement que je leur avais parlé que je devais aller à Dubaï au Nouvel-An, j'aurai qu'à leur sortir que je me suis trompée dans la date de mon départ et que c'est jeudi.
- Je suis vraiment désolée de ne pas pouvoir y aller, continua Amélie dans une mine triste, j'aurai adoré en tout cas.
- T'inquiète pas, fit son aînée d'un an, on lui dira. Elly ? C'était pour ça la liste que tu m'avais envoyée hier ? »
La sœur en question acquiesça puis elles commencèrent ensuite à préparer leur premier Noël avec leur sœur venue d'ailleurs pour qu'il soit inoubliable.
Alors qu'elles papotaient tranquillement, la porte s'ouvrit à la volée puis Barth rentra tout sourire ravi de son coup :
« - Alors ça complote par là ?, lança-t-il en riant.
- Mais t'es bête ?!, lâcha Élise en chuchotant le plus fort possible, tu nous as fait peur ! Tu veux quoi ? Et comment ça se fait que tu soies debout à cette heure là ?
- Je pourrai vous retourner la question ! Qu'est ce que vous faites debout à cette heure là ?
- Rien de spécial, on parlait de Noël, fit Judie en essayant de paraître la plus crédible possible, et toi ?
- Rien de spécial non plus, j'appelais juste ma copine, décalage horaire oblige. »
Alors qu'il leur souhaite bonne nuit avant de leur tourner le dos pour sortir de la pièce, Amélie remarqua qu'il tenait une boîte bleue dans la main et était sûre de l'avoir vu quelque part récemment :
«  C'est quoi la boîte que tu tiens dans la main ? Je peux la voir ? », questionna la benjamine
Son demi-frère la lui donna, expliquant qu'il l'a ramassé par terre dans le couloir en venant leur faire peur. Lorsqu'elle ouvrit la boîte, tout le monde fit un regard ébahi :
« - Qu'est ce que tu fous avec ça ? Donne moi ça de suite ! Tu es malade de tenir du cannabis entre tes mains, tu veux finir en prison ou quoi ? Gronda Elly en se levant pour arracher la boîte des mains de sa sœur et la jeter sous son lit.
- Ce n'est pas à moi, c'est à Alicia, lâcha Amélie , comme si c'était normal.
- Tu rigoles j'espère ? On parle d'Alicia, ma jumelle, première de la classe bourge et intolérante aux différences ? T'as fumé ou quoi ?, rigola Barth.
- Non ce n'est pas une blague. Je n'étais pas sûre de moi l'autre fois, mais je crois qu'Alicia nous cache des choses. Un jour quand je suis rentrée, elle était vers le quartier de la gare avec un mec pas très fréquentable et je crois qu'elle était en train d'acheter de la drogue ou quelque chose de la sorte. »
Barth secouée par la révélation sur sa jumelle, ne trouva pas d'autres choses à ajouter et quitta la pièce rapidement. Comment cela était-il possible ? Non bien sûr c'était une blague, comment sa jumelle pouvait en venir à des choses comme ça, elle qui est si sérieuse. Il savait bien que ses demi-sœurs appréciait guère Alicia, mais au point d'inventer une chose grave ? Il fallait qu'il prenne du recul sur tout ça, mais après tout au fond de lui, il sait qu'Amélie a raison. Lui-même avait des doutes sur l'attitude de sa sœur des fois.
« Bravo, s'écria Elise en tapant des mains ironiquement, c'était une façon élégante de dire ça. Tu es sûre de toi au moins, le pauvre il va être perturbé maintenant ! Tu t'en rends compte au moins ?
- J'aurai pas avancé ça sans raison, poursuivit la benjamine, j'ai enquêté sur la chose et c'est plus complexe que ça. »
Après cette lourde nouvelle et leur réunion de Noël terminée, elles s'endormirent toutes les trois dans la chambre d'Elise comme dans leur tendre enfance.

Comme pendant leur enfance, les trois sœurs se levèrent dans les environs de neuf heure. Même après avoir passé une courte nuit, elles étaient en forme et pour cause, aujourd'hui il s'agissait de leur fête favorite qui leur rappelait de bons souvenirs de leur enfance. Une des seules dates de l'année qui réunit tout le monde, une journée où chacun ne parle pas travail et ne se situe pas aux quatre coins du monde.
Depuis la mort de leur père, les sœurs s'étaient instaurée une tradition; chaque année une des sœurs devaient offrir des cadeaux pour les autres et elles devaient les ouvrir avant l'ouverture des cadeaux avec le reste de la famille. Cette année c'était au tour d'Élise, elle se leva puis alla les chercher dans le fond de sa valise. La réaction de ses sœurs ne se fit pas attendre lorsqu'elles découvrirent le cadeau: un bracelet de leur couleur favorite avec l'initiale de leur prénom et un symbole les représentant:
«- Élly c'est trop beau ! Merci beaucoup, s'exclama la benjamine en allant embrasser sa sœur.
- Je suis contente qu'ils vous plaisent, ils ont été choisis avec soin lors de mon voyage en Inde cet été ! En plus, si on les porte tout le temps et toutes les trois rien ne peut nous arriver, continua Élise pas peu fière de l'effet produit par son cadeau.
Ensuite, Amélie fut désigner pour offrir les cadeaux l'an prochain, elle hésita quelques minutes avant de se lancer:
«- Vous ne croyez pas qu'on devrait intégrer Barth ou même Camila dans notre tradition, après tout on a plutôt bien sympathisé avec eux.
-  Tant qu'Alicia n'est pas dedans ça me convient ! Après tout tu as raison, je ne sais pas pourquoi ils seraient à part,» compléta Judie.
Elles se tournèrent ensuite vers leur aînée, elle savaient à quel point Elly n'aimait pas les changements et encore moins, tout ce qui se rapportait à Eric son beau-père, bien qu'elle appréciait quand même plus son demi frère Barth que le reste des Miller:
«- Bon, je crois que je ne peux pas vous résister, lâcha Élise dans un soupir, c'est ok.»
Comme à chaque fois, pour signifier qu'il était l'heure de descendre pour l'ouverture des cadeaux, la mère de famille vint frapper à la porte de chacun des enfants. Le contraste entre elles et les jumeaux fut plutôt marquant; trois jeunes filles fraîches comme des roses, contre une qui avait dormi dans les toilettes et Barth, qui comme sa jumelle, donnait l'impression d'être revenu de la guerre tellement ils étaient fatigués.
Eric et Stefany attendaient en bas et accueillirent les enfants avec une bise. Cette scène était le cliché parfait de la famille unie:
«- Bon on peut en venir à l'essentiel, les discours de famille unie c'est lourd.» Lâcha Barthélémy agacée par le discours qu'allait sortir sa belle-mère comme chaque année, ce qui ne manqua pas de faire rire le reste des enfants et vexa légèrement Stefany.
Ce fut ensuite le moment d'ouvrir les cadeaux, chacun avait offert des cadeaux pour les autres. Cette scène de convivialité, de partage et de bonne humeur, ravie Éric et Stefany. Ils étaient heureux et satisfait que leur remariage se soit bien passé et que leurs enfants s'entendent bien, du moins en apparence car dans d'autres ce n'était pas le cas.
La joie et la bonne humeur restèrent de mise lors du repas. En milieu d'après-midi, Stafany et ses trois filles prirent la direction d'Almère où étaient enterré Paul. Chaque année pour Noël, elles avaient pris l'habitude de déposer une petite étoile et une branche de sapin sur sa tombe.
Le cimetière était vide en ce jour de fête, seules deux femmes étaient à l'intérieur et se recueillaient sur la tombe de Paul.
Personne n'osa interrompre ce moment mais même si cela démangeait Stefany de leur dire de partir car c'est celle de son mari. Une des jeunes filles chuchota à sa mère, agenouillée avant de se lever elle lança un «Je t'aime Paul» puis embrassa la pierre tombale.
Après leur départ, les sœurs déposèrent leurs cadeaux de Noël pour leur père puis eurent une minute de silence. Avant qu'elles laissent seule leur mère pour se recueillir, Judie remarqua entre deux bouquets frais deux plaques qui avaient l'air récemment déposées:
«- À mon père, à mon mari, joyeux Noël Paul, lisait la cadette à voix haute, maman tu es sûre que c'est nous qui avons posé ça un jour ?
- Non je ne crois pas, sans doute une erreur ma chérie. Si vous pouviez me laisser seule un instant maintenant s'il vous plait.»
Elles firent demi tour pour rejoindre la voiture, quitter ce lieu arrangeait fortement la benjamine qui n'était pas à son aise.
Seule face à la pierre tombale de son défunt mari, Stefany sentit un vide en elle. La présence de cette femme à son arrivée l'avait perturbée, elle ne pouvait pas s'être trompée les noms étaient bien visibles ou alors elle est très dérangée. Mais Elle avait l'air d'être si proche.
Puis ces plaques, et ces fleurs fraîches... À sa connaissance, personne n'était venue depuis un moment donc la tombe ne pouvait être autant entretenue qu'elle l'était.
Elle déposa son bouquet, se releva puis lâcha dans un regard dédaigneux à la pierre tombale «Joyeux Noël Paul» puis quitta le cimetière.

L'ambiance était des plus joyeuses depuis qu'ils étaient revenus du procès où une erreur judiciaire avait été prononcée à l'encontre de Judie, lui permettant de retrouver sa liberté.
Stefany avait mis un de ses morceaux de salsa cubaine qu'elle adorait pour les occasions de joie. Eric s'affairait aux fourneaux depuis leur arrivée dans le domaine en fredonnant la musique qui passait :
« - Tu as préparé de la nourriture pour un régiment, s'exclama sa compagne en entourant la taille de son conjoint de ses bras, on est que cinq à manger !
- Non on a une invitée en plus aujourd'hui. Je te l'ai pas dit j'ai invité l'avocate de ta fille, il fallait bien la remercier.
- Tu tu aurais pu me prévenir », bredouilla Stefany qui ne s'attendait pas à la revoir dans un cadre plus privé.
Elle quitta la cuisine puis retourna dans le salon pour préparer la salle à manger :
« - Les enfants, l'un de vous peut mettre la table, demanda-t-elle, rajoutez un couvert en plus on a une invitée l'avocate de votre sœur.
- Amélie va s'en occuper, elle est motivée. », répondirent en cœur les jumeaux Miller avant de monter à l'étage.
Depuis que la petite dernière des Bayram avait fait son témoignage, la tension était à son apogée entre les jumeaux et elle.  Alicia et Barthélémy étaient assez rancuniers et avait du mal à digérer ce qu'avait dit et fait Amélie qui leur avait pourtant promis il y a quelques jours qu'elle ne dirait rien sans leur en parler avant.
Elle s’exécuta en lâchant un soupir de tristesse, elle détestait être fâchée avec les gens et en particulier avec son demi-frère. La cadette remarqua l'air tourmenté de sa mère qui tournait en rond depuis quelques minutes dans le couloir qui amenait à la porte de derrière :
« - Maman, ça va ?, demanda-t-elle prudemment.
- Non c'est une catastrophe, s'exclama Stefany, je ne sais pas comment on va la gérer ! Elle vient ici uniquement pour nous enfin me pourrir la vie. Revenir après huit ans c'est de la folie.
- Ça va bien se passer si ça se trouve ! Elle s'est peut-être rendue compte qu'elle avait fait une grave erreur en coupant les ponts avec nous.
- Tu es bien trop naïve ma pauvre fille ! C'est évident que lorsque tu ré-apparais huit ans plus tard et dans un contexte comme celui-ci c'est pour régler tes comptes, rétorqua sa mère.
- Et bien tu avais qu'à dire dès le départ à Eric que tu avais une autre fille », soupira Amélie avant de la laisser. Quand sa mère était comme ça, il était inutile de dialoguer avec elle.
Stefany tenta de trouver une solution mais en vain, elle ne pouvait pas prévoir les réactions de Jasminj et n'avait jamais eu beaucoup d'influence sur elle. Lorsque Stefany l'avait mise à la porte il y a huit ans, elle lui avait juré que le jour où elle reviendrait, sa mère prendrait bien cher.
Eric avait parfaitement gobé la version que lui avait sorti les sœurs Bayram et Stefany, c'était une fille des anciens voisins de leur maison de Munich avec qui Elise avait eu un énorme différent. Ce qui avait conduit à cette importante tension qui régnait entre eux.

Midi et demi, Jasminj sonna à la porte, à l'heure convenu avec Eric à leur maison d'Amsterdam. Vu de l'extérieur, pas grand-chose n'avait changé depuis la dernière fois qu'elle était venue. Des souvenirs lui revenaient, du temps où ils étaient tous heureux et parfaitement unis. Mais ce temps était révolu depuis bien longtemps et beaucoup de choses avaient changés entre eux. Elle redoutait ce dîner, d'un côté  faire face à celle qui l'avait violemment rejeté huit ans plus tôt, à son beau-père qui ne connaissait pas son véritable lien avec la famille de sa femme. Mais de l'autre, Jasminj était impatiente de faire face à Stefany. C'est d'ailleurs elle qui ouvrit la porte et la referma derrière elle puisque l'épouse d'Eric avait bien l'intention d'avoir une petite conversation avec elle juste avant :
« - Je te préviens tu n'as pas intérêt à faire un seul scandale sinon je te promets que tu repars d'où tu viens directement, menaça Stefany.
- Tu sais très bien que je ne suis pas hypocrite comme toi, si j'ai quelque chose à dire je vais pas me gêner, répliqua Jasminj avant de pousser légèrement sa mère de l'entrée, on peut rentrer maintenant ?
- Ce n'est pas parce que tu reviens que tu as le droit de prendre tes aises, tu n'es plus chez toi je te rappelle ! , termina-t-elle avant d'ouvrir la porte et changea d'expression pour arborer un beau sourire.
- Maître River, s’enthousiasma Eric, ravi de vous revoir ! Je ne vous présente pas mon épouse et sa petite dernière Amélie, on m'a dit que vous vous connaissiez déjà mais que vous n'êtes pas en très bon terme.
- C'est ça, marmonna Jasminj en serrant la main des deux femmes.
- Et voici mes deux enfants Barthélémy et Alicia mes petits jumeaux qui ne sont pas de bonne humeur aujourd'hui, ajouta Eric en voyant le regard furieux qu'ils arboraient à la vue de l'avocate, les enfants allez serrer la main au moins ! »
Les jumeaux ne bougèrent pas d'un pas, leur père commença à les gronder pour leur impolitesse avec l'invité mais Stefany prit immédiatement leur défense, pour une fois.
Eric invita Jasminj à faire comme chez elle puis repartit en cuisine pour terminer le repas suivit de son épouse. Les jumeaux remontèrent dans leur chambre suivit d'Amélie. Mais Jasminj l'attrapa par le bras pour l'emmener à l'écart:
« - Tu sais que tu peux me parler librement. Tu n'as pas à lui demander une autorisation non plus, commença Jasminj qui ne comprenait pas pourquoi sa plus petite sœur l'ignorait.
- Je sais bien seulement techniquement euh, bégaya Amélie.
- D'accord je vois ! C'est parce qu'on serait soit disant en mauvais terme et que tu rentres dans son jeu pour la couvrir. Elle inventerait n'importe quoi pour protéger ses secrets.
- Je suis désolée, s'excusa la plus jeune Bayram, elle a dit que tu étais une ancienne voisine et qu'il y a eu une grosse dispute et que depuis c'est tendu entre nous et que tu as coupé les ponts avec toute la famille Bayram. Mais s'il te plaît Jasminj ne vous disputer pas comme avant. »
Elle lui promit de faire des efforts pour se contenir au mieux mais elle savait que ça serait compliqué au vu du caractère de sa mère.
Une fois le repas préparé, Eric appela tout le monde à s'installer à table. Il invita Jasminj à se placer en bout de table face à Stefany ce qui ne manqua pas de faire pousser un discret soupir d'exaspération chez les deux femmes :
« - C'est très gentil à vous Maître en tout cas d'avoir accepté mon invitation malgré vos différents avec ma femme et ses filles, commença Eric en la servant la première.
- Appelez moi Jasminj on est pas au tribunal et tutoyez moi ! Je sais faire la part des choses et je sais que ma venue aurait certainement fait plaisir à certains qui ne sont malheureusement pas parmi nous. Vous avez une charmante famille, enchaîna-t-elle.
- On s'est mariés il y a trois ans avec Stefany, tous nos enfants sont nés de notre précédente union. On cohabite tous ensemble depuis cinq ans à peu près et tout se passe bien.
- C'est l'enfer tu veux dire, rajouta Alicia avec un air de dégoût, entre Elise qui nous déteste, Judie et Amélie qui me déteste particulièrement tu fais passer notre vie pour une utopie là.
- Je te déteste pas mais tu ne fais pas d'efforts pour qu'on t'aime non plus, compléta Amélie.
- On peut stopper les disputes s'il vous plaît on en a assez entendu pour aujourd'hui, s'énerva Eric, depuis le procès ça n'arrête pas ! J'espère que vous ne vivez pas ça au quotidien chez vous.
- Rassurez vous ça ne risque pas, on est très soudés chez nous, ironisa Jasminj.
- Vous avez des frères et sœurs ? Questionna le mari de Stefany curieux d'en savoir plus sur son hôte.
- Non elle est fille unique, coupa Stefany, on va pas épiloguer deux ans sur sa vie ! Je la connais par coeur.
- J'ai trois sœurs au cas où tu l'aurais oublié, lança Jasminj en regardant sa mère bien droit dans les yeux.
- J'arrive vraiment pas à comprendre pourquoi vous vous êtes fâchés pour une broutille.
- Je vois qu'on nous vous a pas bien raconté l'histoire. La vraie raison c'est que votre femme a quelques préjugés sur les couples hein», ajouta Jasminj tout  en visant Stefany.
Le repas continua dans un silence des plus religieux, seul le bruit des couverts venait le troubler.
Au moment où il furent au milieu du plat, Eric se décida à relancer la conversation pour que ce repas soit plus vivant :
« - Et sinon vous avez un mari , des enfants ?, demanda-t-il.
- J'attends un enfant pour le mois prochain. Avec ma conjointe on s'est pacsées récemment, ça faisait très longtemps qu'on était ensembles. J'espère que je ne vous choque pas, continua Jasminj qui voulait tester la réaction de sa mère.
- Perso je ne peux pas, ça me dégoûte, commença Alicia en joignant sa parole par une moue dégoûtée.
- Alicia tu pourrais être davantage respectueuse, s'énerva son père qui détestait l'irrespect.
- C'est passible de 12 000€ d'amande les propos homophobes », lança Jasminj comme si de rien était en continuant de manger.
Barthélémy, plus ouvert que sa jumelle, se lança dans un débat avec cette dernière pour défendre leur point de vu jusqu'à ce que Stefany se décide d'intervenir pour couper court à la discussion :
« - Bon on ne va pas épiloguer non plus sur ce sujet là longtemps c'est bon on a compris !
- De toute façon j'ai l'habitude avec toi tu as toujours le même problème, continua Jasminj.
- Vous êtes une avocate tellement douée que je suis sûre que vos parents doivent être fier de vous, complimenta Eric afin de changer de discussion.
- Alors là aucune idée en revanche vous pouvez lui dire tout ce que vous voulez sur moi en personne à ma mère puisqu'elle est juste devant moi. », lâcha-t-elle sans scrupule de dévoiler enfin la vérité.
Un second moment de blanc s'installa, les Miller étaient choqués par cette révélation et Eric plus particulièrement :
« - Je suis désolé je ne savais pas… Si j'aurai su avant, bredouilla Eric qui ne savait pas comment prendre cette information lancée comme une pierre dans un lac.
- En même temps Papa il n'y avait que toi pour être aussi bête et ne pas te rendre compte qu'elle ressemblait aux trois autres. Tu vois elles sont la même sale tronche de débile, ajouta Alicia.
-  Tu vois quand je te disais que tu étais désagréable avec nous, enchaîna Amélie.
- Non mais se taper trois filles Bayram s'était déjà compliqué mais alors quatre c'est la mort, fit la jumelle de Barthélémy en mimant un geste tragique.
- T'inquiète pas tu me verras pas, ironisa Jasminj, ça t'évitera d'en faire une tragédie ! D'ailleurs ça arrangera tout le monde et moi aussi par la même occasion parce que les petites dans ton genre désagréables et homophobes ça me donne envie de gerber.
- Tu pourras faire davantage profil bas vu la manière dont tu arrives dans notre famille, continua Alicia qui voulait le dernier mot.
- Je vois qu'on te le dit pas assez mais tu sais ce que tu es, une sale petite peste, répliqua l'avocate.
- Jasminj ça suffit ton numéro tu sors d'ici immédiatement, cria Stefany en se levant pour l'attraper par le bras et l'emmener dans un endroit hors de porté des oreilles du reste de sa famille, tu es contente tu as fait ton petit spectacle ?! Comment oses-tu venir critiquer ma famille et surtout revenir dans nos vies alors que je t'avais bien dit de ne jamais le faire ?!
- Ta famille qui est aussi la mienne je te signale, Elise, Judie et Amélie sont mes sœurs je te rappelle et toi tu m'as arrachées à elles. Tu voulais que je laisse ta fille dans le bourbier pas possible que cet imbécile a crée ? Et on en parle de toi, tu soutiens une de tes filles pour lâcher l'autre. Je vois que tu n'as pas changé et que tu donnes toujours ton soutien aux parfaites et tu laisses les autres. Tu es la même qu'il y a huit ans et tu me dégoûtes toujours autant.
- Toi non plus tu n'as pas changée, grandit un peu Jasminj et arrête de faire ton enfant rebelle ! On se croirait il y a huit ans. Tu ne pourras jamais reprendre ta place, tu as été remplacée depuis ! Je sais que tu es juste venue pour me mettre la misère.
- Je ne sais pas comment mon père a pu épouser une femme comme toi qui respire tous les jours le doux parfum odieux de son égo. Tu es la pire chose qui lui soit arrivé dans sa vie. »
La claque partit toute seule et un bruit sourd résonna, Stefany n'avait pas l'ombre d'un regret et cela lui avait procuré un bien fou :
« - Comment oses-tu parler de ton père comme ça ?!, s'énerva-t-elle.
- Tu sais ce qui me dégoûte le plus chez toi, Jasminj tenta de retenir les larmes qui commençait à lui rendre la vue trouble. Hors de question pour elle de lui montrer qu'elle avait le dessus, tu m'as interdit d'assister à l'enterrement de mon père ! Je n'ai pas pu le revoir une dernière fois et ça s'est un acte monstrueux pire que tout même de me faire virer de chez moi. Je te souhaite le pire parce que c'est tout ce que tu mérites. Tu verras un jour ta méchanceté se retournera contre toi.
- C'est bon on a compris ton petit numéro d'enfant malheureuse, souffla Stefany agacée, maintenant tu pars de chez moi et que je te revoie plus. Surtout si j'apprends que tu es restée en contact avec tes sœurs c'est la police que je vais mettre à tes trousses.
Sur ce, l'avocate quitta la pièce puis prit ses affaires et se dirigea enfin vers la porte :
«  Tout ce que je cherche c'est à te faire payer ce que tu m'as fait. » fit Jasminj avant de claquer la porte laissant le reste de la famille en plan.
Ils restèrent un moment ébahi parce qu'ils venaient de se passer avant que le repas se continua dans un silence monumental. Stefany tenta de faire comme ce qu'il venait de se passer n'avait jamais existé mais une chose était sûre , leur vie de famille ne sera plus jamais comme avant.