Juliette haussa les sourcils à l'entente du jeu qu'il proposait, cependant, pour ne pas encore être à l'origine de nouvelles histoires, elle préféra ne pas râler une nouvelle fois en disant qu'elle trouvait ce jeu complètement con. Costa, quant à lui, souriait de toutes ses dents. La perspective de ce jeu le faisait plutôt marrer.

- T'as pas un endroit plus petit qu'une chambre? demanda Manel avant de porter une canette de bière à sa bouche.
- Sinon on fait un espèce de tirage au sort. proposa Ari.
- Ouais, on écrit les noms sur des petits papiers et on met tout dans un saladier. continua Jessie sous l'approbation de plusieurs autres adolescents.

- Je mets les noms ! suggéra Robin
- C'est mort, t'écris comme un pied ! Passe je vais écrire. répliqua Soraya en attrapant un stylo qui traînait

Mathilde et Évangéline regardaient la scène. L'une, excitée par l'idée (ou par les verres bien trop nombreux pour son petit corps) et l'autre cherchant du regard trouvant, comme elle, ce jeu absurde.

- Oui, le dressing c'est mieux, je pense. approuva Manel tout en aidant sa cousine à mettre les bouts de papier dans un saladier qu'Ari venait de ramener de la cuisine.
- Je suis d'accord avec Manel. fit Jessie avec un sourire alors que Juliette secouait la tête en espérant que son papier ne soit pas tiré lors de ce jeu débile.
- Bon, qui se propose pour devenir la main innocente qui tire les deux premiers papiers? demanda Ari en posant le saladier rempli sur une table basse, à peu près au milieu de tous les adolescents.

Mathilde plongea sa main dans le récipient. Elle attrapa deux papiers.

- Alors... Juliette.... Et Thibault ! Allez au coin les enfants !

Évy laissa échapper un petit sourire de soulagement en voyant qu'elle ne serait pas la première victime.


- Je remets pas dans le panier ça évite les répétitions. Qui lance le chrono ?

- Non mais je veux p... commença Juliette, prête à donner le droit de véto qu'elle s'accordait et ayant complètement oublié sa résolution d'arrêter de râler et de faire des histoires pour cette soirée.

Elle fut coupée par Costa qui la poussa afin qu'elle se lève du canapé. Il lui lança alors, à voix basse, un Roh aller Juliette c'est bon là, fais pas chier et va là dedans. Elle le fixa donc avec un regard mauvais puis, la tête haute, suivit Thibault qui l'attendait et qui avait plutôt l'air d'apprécier d'avoir été tiré au sort avec elle. Avant de sortir du salon, elle croisa le regard du Fontaine-Mazar qui semblait, tout comme elle, de ne pas apprécier du tout ce qu'il se passait. Cependant la fierté de la Turenko la poussa à suivre le Ferruci jusqu'à la pièce où on devait les enfermer. La dernière chose qu'elle entendit, quand elle arriva devant le dressing, ce fut la voix de Steven qui criait Lumière allumée !! alors que 3 autres voix, Ari, Costa et Manel crièrent Lumière éteinte !. Jessie se mit alors à rire et annonça, en arrivant devant la pièce pour pouvoir les enfermer, que la lumière devait être éteinte car ils étaient plus à le vouloir.

Juliette rentra dans le dressing derrière Thibault et vit bien vite la porte se fermer sur Jessie avant d'entendre un tour de clé. La jolie rousse lança ensuite un A tout à l'heure ! laissant la Turenko seule face au Ferruci. Elle avança à tâtons, car elle n'y voyait quasiment rien, et prit place sur ce qu'elle croyait être un... panier à linges? La question de Thibault lui parvint alors aux oreilles et elle se mit à souffler.

- Je veux rien faire du tout. Il est con ce jeu. Tu veux qu'on fasse quoi, sérieux? Heureusement que ça passe vite 7 minutes. Ils entendirent une musique forte redémarrer du salon. Tu vas voir qu'ils vont nous oublier en plus.

- Eh, ils vont faire quoi à votre avis ?
- Des bisous ! ricana Robin en réponse à Mathilde
- Pff... Juliette va bouder ouais ! répliqua Soraya

Steven fut comme pris d'un fou rire nerveux. Il répondit alors à Mathilde avec une pointe d'amertume non dissimulable dans la voix.

- Non, ils ne vont pas se faire des bisous, non. Il se rendit compte qu'il était un peu agressif et il essaya de se rattraper. Fin...ça m'étonnerait, hum...

- Je râle pas tout le temps. répondit Juliette en secouant la tête bien qu'elle savait pertinemment que Thibault avait raison. Elle retira l'élastique qu'elle avait mis dans ses cheveux quelques temps auparavant et qui lui serrait un peu trop la chevelure. Thibault lui reposa ensuite une autre question. Un peu bizarre d'ailleurs. Mais elle n'allait pas pouvoir rester muette durant 7 minutes donc elle y répondit après avoir demandé des explications sur ce que le Ferruci faisait. Tu veux faire un espèce de jeu genre "dis moi toutes tes vérités", c'est ça? Bref, pourquoi pas, ça fait passer le temps. D'ailleurs, ta question est débile. De 1 car Costa est déjà plus ou moins mon frère, que je l'apprécie sous ce statut là et que je subis des travaux bruyants depuis Juillet pour qu'on vive sous le même toit dès Octobre. Et de 2 car je n'ai jamais vu Steven comme un frère, je ne le vois toujours pas comme un frère et je ne le verrai jamais comme tel.

- Hum... Pardon??

Le sang de Juliette ne fit qu'un tour pourtant elle resta bouché-bée et muette durant quelques secondes. Elle ne savait même pas comment elle devait réagir à une telle situation. Elle se demandait si ce qu'il venait de dire n'était pas qu'une coïncidence mais elle se rendit bien vite compte que ça n'en était pas une. Elle était folle de rage. Ou peut-être plutôt gênée et honteuse. Ou sinon, elle se sentait trahie, quelque part. Ou peut-être tout en même temps. En tout cas, elle en voulait à Steven. Elle lui en voulait d'avoir révéler sa vie comme cela, sans même lui dire. Sur le coup, elle ne connaissait pas le contexte, et elle s'imaginait que le Fontaine-Mazar s'en était vanté comme le font tous les mecs de leur âge et que par conséquent, il ne valait pas bien mieux que Costa et elle que Clara. Et elle en voulait aussi à Thibault, pour avoir sauté sur la première occasion pour tout lui balancer à la gueule. Et voilà qu'elle était enfermée avec lui dans un dressing plongé dans le noir pour encore au moins 5 bonnes minutes. Elle ferma les yeux (alors que ça ne servait à rien, ils étaient dans l'obscurité) tout en serrant les poings. Elle n'allait pas s'énerver, pas cette fois-ci. Ou plutôt, elle allait s'énerver mais pas comme d'habitude. Cette fois-ci, elle n'allait pas éclater, c'était bien pire, elle rentrait dans une colère froide.

- Par contre, me touche pas. fit sèchement Juliette en attrapant la main de Thibault pour la retirer de son épaule. A la rigueur c'est même pas à toi de t'excuser c'est à l'autre qui croit pouvoir raconter ma vie comme ça et se donner une image sur mon dos.

Juliette se colla un peu plus au mur et secoua la tête à l'entente des explications de Thibault. Dans le salon, la musique retentissait toujours avec un volume très élevé.

- Moi aussi j'aurais préféré que tu ne le saches pas tu vois. grogna la Turenko avant de poursuivre. Mais cherche pas des excuses à ton pote, c'est bon.

- Est-ce-que je l'aime? elle se mit à rire en secouant la tête. T'en as pas marre avec toutes tes questions ridicules? Ça te suffit pas de savoir que j'ai couché avec lui? T'as aussi besoin de savoir si je l'aime? Tu te sens pas assez intrusif comme ça?

- C'était quoi ça? Ils se battent ou quoi ? demanda Évy qui ne se tenait pas très loin de la porte

Juliette resta quelque peu béate. Elle n'avait pas bien saisit les allusions de Thibault et voilà qu'il s'énervait en frappant sur la porte pour sortir avant la fin du temps imparti. Elle ne comprenait pas pourquoi il paraissait en colère alors que c'était elle qui avait toutes les raisons de l'être. Elle se leva alors et le poussa afin de toquer à son tour. Elle n'en pouvait plus d'être ici, il fallait qu'elle sorte.

- Je vais aller voir ce qu'il se passe. proposa aussi Steven en entendant frapper.

Le Fontaine-Mazar sortit du salon et se dirigea vers le dressing sans avoir conscience de ce qui l'attendait. Il se plaça devant la porte et s'exclama.

- C'est bon, c'est bon. Calmez-vous, je vous ouvre. De toute façon vous en étiez presque à 6 minutes.

Il saisit la clé qui était restée sur la serrure et déverrouilla avant d'ouvrir la porte. Il tomba nez à nez face à une Juliette dont il ne remarqua pas le regard noir.

- Je viens te déli...

Il fut couper net quand il reçut une violente gifle sur la joue. Il en resta con, il ne savait pas quoi dire. Il ne comprenait pas pour quelle raison Juliette avait l'air si énervée contre lui et il était surtout surprit de la voir si violente avec lui. Elle était violente naturellement, c'était vrai, mais une claque, c'était significatif. Elle le fixa dans les yeux quelques secondes, un regard qui semblait mêler colère, dégoût et méprise puis elle s'approcha de lui et lui glissa froidement, à l'oreille:

- Ça, c'est pour que tu comprennes que tu ne peux pas te faire une réputation sur moi. Je te conseille de pas réessayer de dévoiler un truc intime sur moi juste pour te faire mousser. T'essayes de faire le mec bien mais tu vaux pas mieux que Costa.

Elle s'éloigna de lui et lança à voix haute: "Je veux plus en parler", avant de se diriger vers le salon où elle prit place contre Evy, essayant de masquer sa détresse en gardant la tête froide.
Steven, lui, resta sans bouger, fixant le dressing où se trouvait toujours Thibault.